Rougier

o727 2025 : bikepacking extrême ?

J’ai décalé le départ du o727 VTT en mai pour profiter du beau temps. Cette année, c’était pour le moins mitigé. Départ et arrivée sous un soleil radieux, mais dans les hauts cantons et en Aveyron, c’était humide, ce qui a rendu le périple difficile.

La config idéale

Le o727 est une trace VTT, avec beaucoup de singles, parfois techniques, des cailloux, des racines, des coups de cul sévères où seuls les plus puissants passent sans mettre pied à terre. Je l’imagine autant pour le plaisir du pilotage que du voyage, un mix assez rare. Je ne cherche pas à aligner un dénivelé et un kilométrage indécents pour faire briller les finishers. Une telle trace exige d’écumer son territoire, de le creuser, d’y rechercher les pépites incontournables. Pour affronter un tel parcours, un véritable VTT s’impose, de préférence un tout suspendu. Oubliez les tout rigides, les fourches gravel type Lauf Grit ou les vélos trop lourds. Pour ma part, je suis parti avec une config à moins de 17 kg (plus je vieillis, plus j’allège).

Epic Evo
Epic Evo

Innovation de cette année : au-dessus du double porte-bidon de chez Wolf Tooth (avec lequel je roule désormais à longueur d’année), j’ai dessiné une pochette triangulaire, fabriquée en Dyneema par Luci Rusjan, où j’ai réussi à caser mes outils. J’ai aussi demandé à Luci de me créer un top tube de 2 litres, plus pratique que mon Revelate Design Mag-Tank, dont la fermeture magnétique n’est pas imperméable aux fuites de matos.

Détail
Détail
Détails
Détails

Jeudi 8 mai (152 km, 1 200 d+)

Donc oui, départ au soleil, température parfaite. Un petit tour en Gardiole pour faire découvrir nos singles, puis un long faux plat entre les étangs et les canaux jusque dans l’Aude où nous retrouvons quelques monticules accidentés avant d’atteindre Bize Minervois.

Lido
Lido
Lido (Jean)
Lido (Jean)
Ensérune
Ensérune
Aude
Aude
Montels
Montels
Bize
Bize

Vendredi 9 mai (110 km, 3 000 d+)

L’étape deux du o727 est toujours la plus difficile. Les contreforts du Massif central approchent. Réveil sous un ciel menaçant. La météo annonce le pire. Le tonnerre gronde. La pluie s’abat vers l’ouest, où nous allons.

Nous enchaînons quelques singles, grimpons sur le plateau du mont Ségonne, dévalons de nouveaux singles encore secs. La pluie nous cueille quand nous retrouvons le canal du Midi peu avant Omps. Nous croisons deux bikepackers qui font demi-tour. Nous tentons de leur redonner le moral, mais ils ont subi l’orage de plein fouet. À Pépieux, nous nous enfournons dans Le Planchot, bistrot incontournable sur la trace, avec son jovial patron fan de rugby.

Nous repartons une heure plus tard quand la pluie a cessé. Le ciel se dégage peu à peu, surtout après Caunes-Minervois, quand nous attaquons l’ascension de la montagne Noire. À Labastide-Rouairoux dans le Tarn, il fait grand soleil. Un copain, qui s’entraîne pour la French Divide et nous devance, nous annonce que le passage expérimental proposé comme variante du PR traditionnel sur le o727 ne se passe qu’à pied tant il est raide. Nous décidons de grimper par la D64, une petite route agréable. Après moult chemins et singles, nous atteignons enfin la Salvetat-sur-Agout. Je vous recommande le restaurant du camping des Bouldoires.

Avant la pluie
Avant la pluie
Montagne Noire
Montagne Noire
Montagne Noire
Montagne Noire
Deux Epic
Deux Epic
Labastide
Labastide
Labastide
Labastide
Labastide
Labastide
Labastide
Labastide
Labastide
Labastide

Samedi 10 (90 km, 2 400 d+)

Il a plu quelques gouttes durant la nuit. Nous achetons des sucreries chez Flipo, buvons cafés et thés au Petit tracteur tranquille, remplissons nos bidons à la source Salvetat, puis attaquons le premier single quand il se remet à pleuvoir. Cette météo maussade nous accompagne jusqu’au sommet des monts de Lacaune, point culminant de la trace à 1 155 m. Magnifique descente par une piste, puis des singles jusqu’à Lacaune où nous mangeons des crêpes pour nous réchauffer alors que le soleil réapparaît.

Suite de la journée champêtre. Nous traversons des prairies en fleur, ouvrons nos routes à travers les herbes hautes où aucun cycliste n’est souvent passé avant nous, sauf l’inépuisable Jean G. Depuis la Salvetat, les autres bikepackers ont emprunté la trace historique du o727, alors que nous nous engageons sur une trace hautement expérimentale. Tout est parfait jusqu’à Belmont-sur-Rance, petite ville avec son église perchée. Alors qu’une nouvelle fois nous farnientons au soleil en terrasse de café, Jean nous devance définitivement.

À l’approche de Montlaur, les terres rougissent, parfois virant au violet, contrastes saisissants avec les champs verdoyants. Une dernière escalade nous sépare de Saint-Affrique objectif du jour. J’ai été présomptueux lors du traçage. Montée rude, exténuante, descente par un single difficile, qui force à souvent mettre pied à terre. Un burger nous réconforte à Saint-Affrique. Nous nous approvisionnons pour aller bivouaquer plus loin, tout en sachant que la pluie menace. Ça n’y manque pas durant la nuit.

Sommet
Sommet
Grands Causses
Grands Causses
Grands Causses
Grands Causses
Single herbeux
Single herbeux
Pause
Pause
Rougier
Rougier
Rougier
Rougier
Belmont-sur-Rance
Belmont-sur-Rance
Grands Causses
Grands Causses
Rougier
Rougier
Rougier
Rougier
Rougier
Rougier
Grands Causses
Grands Causses
Grands Causses
Grands Causses
Grands Causses
Grands Causses
Rougier
Rougier
Rougier
Rougier
Rougier
Rougier
Rougier (Manu)
Rougier (Manu)

Dimanche 11 (62 km, 900 d+)

Par chance, il ne pleut pas quand nous rangeons nos affaires, mais dès les premiers mètres sur le single c’est une autre affaire. Piloter dans ces conditions devient de plus en plus difficile et dangereux. Nous restons plus d’une heure à Lauras, dans le bar de l’hôtel Le Cambalou, puis décidons de continuer par routes et pistes, en direction de Sainte-Eulalie-de-Cernon, village templier, nouveau bistrot, puis La Covertoirade où nous déjeunons, avant de gagner le Caylar sous des trombes d’eau. Impossible d’aller plus loin. Nous prenons un hôtel.

Si je suis sec sous mon Goretex et mon pantalon de pluie, il n’en va pas de même de mes affaires de camping. L’eau s’est infiltrée dans le sac de cintre et a détrempé ma tente au sac Dyneema fatigué, tout comme mon matelas. Mon duvet a été épargné. Seuls les copains avec les sacs Tailfin ont gardé leurs affaires au sec. Depuis des années, j’hésite à m’équiper comme eux, mais je renonce à cause du poids prohibitif. Je vais peut-être changer d’avis, surtout en prévision de notre voyage en Bretagne cet été. Le confort implique parfois de sacrifier la légèreté.

Lundi 12 (117 km, 1 600 d+)

Après une bonne nuit, nous décidons de rejoindre Ganges par la route plutôt que de nous risquer sur le single qui plonge vers la vallée de Buèges. Le soleil, presque trop fort, nous accompagne vers Pompignan et sa magnifique route Nationale, une succession de dalles naturelles, escalier géant qui nous permet de franchir la crête de la Taillade. Nous nous glissons entre Claret et Corconne vers Vacquières, traversons le bois de Paris, puis rejoignons la plaine du Vidourle et Sommières. Il est encore tôt, alors nous enchaînons les singles jusqu’à l’oppidum de Nages où nous bivouaquons, avec festin désormais traditionnel pour le dernier soir des 727. Nous partageons saucisses, olives et même bières pour certains qui dansent sur un air de salsa. Je garde pour moi photos et vidéos compromettantes.

Navacelles
Navacelles
Navacelles
Navacelles
La Vis
La Vis
Garrigues
Garrigues
Garrigues
Garrigues
Saint Loup
Saint Loup
Vaquières
Vaquières

Mardi 13 (114 km, 700 d+)

Nous démarrons par une série de singles de folie, à en perdre la tête, parfois roulant dans des champs de pierres sèches. Interdiction de ralentir. Toujours à la relance. Pas de repos avant de retrouver le canal du Rhône à Sète et l’arrêt imposé à Aigues-Mortes pour nous empiffrer de fougasses. Ça ne nous sustente pas : moins d’une heure plus tard, nous déjeunons à La Grande-Motte, rouille à la sétoise au menu. Le final vers Poussan est moins nerveux. La fatigue nous écrase, avec déjà la sensation de tourner une page. Il ne nous reste plus qu’à nous projeter vers de nouvelles aventures.

Nages
Nages
Costières
Costières
Tour Constance
Tour Constance
Fougace
Fougace
La Gardiole
La Gardiole

Au fil des années, les 727 deviennent l’occasion de nous retrouver et de tisser des amitiés. Cette alchimie tient à notre mode d’organisation bénévole. Notre seul objectif étant le partage. Voilà pourquoi avec les copains nous nous arrêtons à chaque terrasse croisée. Si j’augmentais le tarif de 50 € et proposais un tracker, il y aurait beaucoup plus de participants à nos évènements, mais alors nous nous sentirions obligés de faire la course. Le tracker impose une pression subliminale.

Note : le tracker est souvent présenté comme un alibi à la sécurité, ce qui est fallacieux (tous les mobiles moderne disposent de fonction d’alerte). En vérité, un tracker est un système de chronométrage, donc strictement interdit sur les épreuves sans autorisation préfectorale, qui imposent mille contraintes intenables pour des longues distances bikepacking. Si un jour un accident grave, voire mortel, survient sur une épreuve avec tracker, les assureurs se retourneront contre les organisateurs qui se retrouveront dans une panade monstre.

Il ne nous reste plus qu’à préparer la g727 de fin septembre. Déjà 25 inscriptions, l’année dernière nous étions 87 sur les 99 possibles. N’attendez pas pour réserver. Plus vous êtes nombreux, plus on a le devoir de se surpasser quand nous dessinons la trace. On me suggère de réserver 40 places aux femmes, ce que je trouve une bonne idée. Le bikepacking est bien trop masculin. Le g727 est la meilleure façon de découvrir la discipline. Alors parlez des 727 autour de vous. Vous êtes nos meilleurs et seuls ambassadeurs.

Final
Final