Nous avons d’un côté l’ancien paradigme : société pyramidale et changement induit par le haut. Nous avons un nouveau paradigme : société en réseau et changement émergeant.

Demain, je rencontre Corinne Lepage. C’est une politicienne de l’ancien paradigme. Elle pense par lui mais elle est assez ouverte pour entendre qu’il existe une nouvelle possibilité. J’essaierai, encore une fois, de la lui présenter.

Je crois tout d’abord que les deux paradigmes sont incompatibles car les décideurs d’aujourd’hui veulent conserver leurs prérogatives. Il ne peut exister qu’un paradigme dominant.

Si on fait de la politique, on peut choisir l’un ou l’autre des paradigmes. Comme presque tout le monde choisit l’ancien, je choisis le nouveau. Si comme Corinne j’étais un leader politique secondaire, je choisirais le nouveau car je me différencierais et labourerais un champ nouveau. Et si comme je l’estime le nouveau paradigme s’installe, je deviendrais peu à peu un leader politique populaire.

Puisque tous les politiciens et tous les activistes essaient de sauver le monde avec l’ancien paradigme, mon devoir serait d’essayer le nouveau. Cette chance, même infime, ne devrait pas être négligée.

Je suis déjà un outsider, je n’ai rien à perdre.

Ce que je veux, c’est un monde meilleur.

Je laisserais les gens le sauver avec les vieilles recettes, ils sont innombrables à œuvrer sur cette voie et je ne leur manquerais pas. Pendant ce temps, je tenterais autre chose.

Comme le nouveau paradigme suppose l’émergence des changements, il est incompatible avec la poursuite d’objectifs électoraux. Son ambition, c’est changer le monde de l’intérieur, en agissant sur les hommes. Je créerais donc un mouvement politique qui a pour ambition d’induire le changement en chacun de nous.

Le mot émergence est très important. Il s’oppose aux décisions explicites prises par quelques personnes. Dans le nouveau paradigme, les politiciens doivent semer des graines qui provoqueront des émergences. Ils doivent être des stimulateurs et non plus des représentants.

Sarkozy est l’homme type de l’ancien paradigme.

Si le nouveau paradigme s’installe, il apparaîtra comme un ringard, un dinosaure immature. Cet homme qui se croit capable d’amener une nouvelle renaissance est incapable d’imaginer autre chose que ce qu’il a toujours connu.

Il est simplement accroché au paradigme dominant et, en tant que l’un de ses illustres représentants, il est responsable de la crise actuelle car le vieux paradigme l’induit. On ne peut prétendre régler la crise en se revendiquant de lui.

Le capitalisme n’est pas responsable de nos maux. Il n’est lui-même qu’une conséquence du paradigme qui impose une structure hiérarchique à l’humanité et qui implique que, plus on est haut placé, dans la pyramide plus on consomme. Abattre le capitalisme et garder le paradigme ne changera rien. Les gauchistes ne veulent pas l’entendre et même les alter, c’est dramatique.

J’essaie de montrer que le paradigme dominant, au-delà de ses incarnations, capitalistes, socialistes ou autres, est la cause de nos maux. Je ne suis qu’au début de ce chemin.

J’en reviens à l’action.

Dès qu’on parle de politique alternative, les politiciens grimacent car, s’ils renoncent aux élections, ils renoncent aux financements officiels des partis.

Je leur propose d’utiliser le système.

Présentez vous mais ne cherchez pas être élus. Utilisez l’espace médiatique qui sera ouvert pour induire le changement dans les hommes. Ne cherchez pas à les convaincre de voter pour vous mais de changer.

Vos discours diffèreront du tout au tout. Vous pourrez dire la vérité puisque vous ne serez plus là pour gagner. Votre but sera que tout le monde gagne sur le chemin de sa vie. Vous ignorerez les représentants de l’ancien paradigme et éveillerez les hommes au nouveau.

En ne poursuivant plus d’objectifs électoraux, vous vous dégagerez en même temps des contraintes géographiques. Votre mouvement s’étendra à la planète et ce n’est qu’un mouvement planétaire qui sauvera la planète.