Cédric et Maud

Au débouché d’un virage, une bourrasque de neige manque nous renverser. Tout est blanc. La piste, le ciel, la forêt. Seule les crêtes noires désignent notre direction alors que nous escaladons les avant-monts de l’Hérault. Coup de pédale après coup de pédale, nos pneus font craquer la croûte de glace, révélant au-dessous les veines sombres de la terre gorgée d’humidité. Température : -4°. Vent : 80 km/h, avec rafales à 100 km/h.

Nous pédalons depuis le matin contre la tempête et le froid, contre notre envie de faire demi-tour et de nous laisser pousser par la tourmente vers des rivages plus cléments, peut-être avant tout contre nos penchants casaniers. Au profit d’un replat, lors de la traversée de la départementale 612 où un restaurant aurait pu être ouvert, nous nous attendons les uns les autres, bientôt treize blottis dans un abribus providentiel, pendant que Maud sort son réchaud et décide de préparer une soupe lyophilisée qui sauvera la vie de William. Nous ne le savons pas encore, mais nous vivons le 2 avril le plus froid depuis 1947.

Philippe et Pascal
Philippe et Pascal

Comment en sommes-nous arrivés là ? À l’occasion du premier week-end d’avril, pour célébrer le printemps et l’heure d’été, j’organise sur le mode roots un tour de l’Hérault bikepacking et VTT, cette année un i727. Nous nous attendions à des nuits froides sur les hauteurs et des après-midi doux, voire chauds, comme en 2021 quand nos compteurs indiquaient 29°, mais la météo capricieuse a décidé de nous surprendre.

i727
i727

Vendredi 1er avril

Nous nous retrouvons chez moi. Des habitués, des nouveaux. Un gravel, un VTT tout rigide, un antique 26 pouces (Specialized M4 FSR de 1999 pour William), une majorité de 29 pouces et l’infatigable fat de Patrick. Nous nous amusons à peser nos bécanes et matos, eau comprise. Je suis un des plus légers, 16,5 kg, Patrick, un des plus lourds, 25 kg : il transporte un drone, plusieurs caméras, des batteries de rechange.

Peu avant 8h, nous nous élançons à quinze, sous un ciel clair et, dès les premières rampes dans la combe de Cayla, nous transpirons malgré les 3°. La piste du pioch Madame nous révèle l’étang de Thau, Sète et la Méditerranée. La tramontane nous attrape dès le col qui nous fait basculer dans la vallée de Villeveyrac, mais des bois et des singles nous en protègent, jusqu’à ce que nous obliquions vers le nord en direction de la base de Bessilles. Le vent souffle par bourrasques d’une violence rare, une moyenne à 75 km/h avec des sursauts à nous faire poser les pieds au sol. Alfredo a déjà du mal avec son tout rigide chargé pour un voyage au long cours. Il arrive d’Alsace et continuera vers Madrid. Robin ne cesse de tousser et nous nous disons qu’il ne survivra pas à cette journée. Nous ne tardons pas à le surnommer Touxman en souvenir d’un célèbre Sacocheman.

Sète
Sète

Une fois sur les singles des garrigues de la Briffaude, puis des terres rouges, nous oublions les conditions défavorables, et celles encore plus défavorables annoncées pour la fin de la journée. Nous avalons les montagnes russes sur un terrain VTT des plus joueurs que je connaisse. « C’est VTT, j’adore », me dit Pascal, vétéran de la French Divide et de la Sea To Peak. Ces mots reviendront souvent. Le i727 est une pure trace VTT comme nous les aimons pour les sorties d’un jour, mais enchaînées sur 500 km. Contrairement à la plupart des épreuves d’endurance, elle ne permet pas des moyennes de roulage très élevées et elle exige parfois de l’engagement ainsi qu’une bonne technique.

L’étendoir des fées
L’étendoir des fées

Nous franchissons l’Hérault à midi et nous ravitaillons à Pézenas. Il fait assez doux et assez ensoleillé pour une collation en terrasse. Nous n’avons parcouru que 45 km en quatre heures. Par chemins et petites routes à l’asphalte craquelées, à la crête herbeuse et aux bas-côtés gravillonnés, nous sillonnons les collines biterroises, la tête dans le guidon. La tramontane transforme un secteur bucolique en un enfer qui bientôt a raison d’Alfredo. Partis à quinze, nous ne sommes plus que quatorze et nous demandons qui sera le suivant à jeter l’éponge.

Dans une sculpture
Dans une sculpture

À l’ouest et au nord, un front vaporeux nous fait comprendre que nous nous dirigeons vers la tourmente, mais nous pédalons encore au soleil quand nous franchissons l’Orb et entrons dans le Saint-Chinianais, un secteur de collines plus plissées, de pinèdes et de vignes entremêlées, qui nous fait tout de suite mal aux jambes. Le vent nous isole les uns des autres. Nous communiquons par sourires et grimaces, pas loin de la folie. D’immenses nuages filent au-dessus de nos têtes et nous saupoudrent de rares flocons. Nous préférons ces conditions à la pluie annoncée.

Vers Saint-Chinian
Vers Saint-Chinian

Une fois à Saint-Chinian, nous dévalisons l’épicerie bio. La patronne nous autorise à grignoter chez elle, tant dehors le froid est saisissant. Nous nous ravitaillons pour le dîner et le petit-déjeuner. Guillaume veut à tout prix manger une pizza même si la pizzeria n’ouvre qu’à 19 h. Il tente de convertir à sa cause le reste du groupe, mais personne d’autre que lui n’a envie de risquer de rouler de nuit avant d’atteindre notre objectif du soir.

Quand nous repartons, nos compteurs indiquent encore 6°, mais nous sommes frigorifiés tant le vent nous pénètre. Touxman décide de rentrer chez lui à Béziers, sans doute une sage décision vu ce qui nous attend. Le Vernazobre est si gros qu’il nous est impossible de franchir le gué pour ensuite escalader les falaises de Notre-Dame-de-Nazareth. Dire qu’en juin 2021, je suis passé par là avec plus de 40° et que nous nous sommes baignés dans le ruisseau.

Nous effectuons un détour par la route, puis rejoignons la piste des crêtes. Il ne fait plus que 2° quand nous entrons dans le parc régional du Haut-Languedoc. Un éboulement recouvre la piste, transformée par endroits en ruisseau, creusée d’ornières dangereuses. Nous plongeons dans une combe encaissée, puis grimpons sur l’autre versant. Traversons le hameau de Barroubio avant de descendre vers le canyon de Dieuvaille par un single traître, qui nous force souvent à mettre pied à terre. Nous atteignons enfin l’église Saint-Jean de Dieuvaille, surnommée l’église du trou, tant elle se recroqueville au fond d’une gorge calcaire quasi inaccessible.

Je l’ai connue sous la canicule de juin, sous l’or d’octobre, sous la pluie de mars, je la découvre sous les frimas d’avril. J’en avais fait notre objectif, sachant que nous pourrions y dormir à l’abri, tout à côté de son antique cimetière où reposent les membres de la famille Miquel.

Nous nous installons sur la terre battue poussiéreuse et autour de l’autel, tous pressés de nous mettre au chaud dans nos sacs de couchage. Patrick se prépare à manger sur son réchaud, tous comme les quatre Lotois. Valérie ingurgite une boîte de haricots blancs. Je me contente de Tucs bio. Guillaume nous rejoint à la tombée de la nuit, nous vantant sa merveilleuse pizza.

Nous avons parcouru 113 km, gravi 2 338 mètres selon mon Garmin 530 alors que Strava en mode corrigé n’en voit que 1 865 (sans doute parce que sa carte est insuffisamment précise pour comptabiliser les montées/descentes des singles).

Samedi 2 avril

Quand je me réveille avec l’envie de pisser vers 1h, il pleut et l’eau passe sous la porte de l’église. Le vent souffle avec rage. Je me dépêche de me remettre à l’abri dans mon sac de couchage. À l’autre bout de l’église, j’entends Jacques ronfler, d’autres ronrons épars me parviennent.

Nous levons le camp
Nous levons le camp

Quand le jour pointe par l’unique fenêtre de l’église, personne ne bronche, nous attendons d’un accord tacite des conditions plus clémentes. Il ne pleut plus, mais des flocons duveteux volettent. Nous quittons l’église du trou en poussant nos vélos jusqu’à gagner les vignobles de Saint-Jean Minervois, saupoudrés de neige. Nous caillons, tout en nous réjouissant du paysage.

J’évoque l’idée de couper la trace, pour atteindre au plus vite le café de La Caunnette, mais nous décidons d’en rester à la trace, pour le meilleur et pour le pire. Un single caillouteux nous fait plonger dans la gorge de La Cessière, puis nous grimpons par une belle piste à travers une pinède, avant de replonger par un nouveau single vers le cours de La Cesse, la rivière qui a sculpté des arches naturelles à la hauteur de Minerve.

La neige au pied des souches
La neige au pied des souches

À 10h, nous nous précipitons dans le café de la Place, où nous nous attardons avant de nous remettre en route. Nous franchissons par une passerelle une gorge ciselée dans le calcaire, avec au-dessous des vasques cobalt, puis longeons les gorges du Brians, en surplomb du village de Minerve. Il neige de plus en plus dru, le vent souffle de plus en plus fort. Nous peinons dans une montée interminable et il ne s’agit que d’un avant-goût de ce qui nous attend. Peu à peu le paysage blanchit, bientôt la neige accroche même à la terre de la piste. Nous n’avons pas de répit. La moindre descente nous glace et nous en venons à apprécier les escalades, de plus en plus rudes, parfois sur des chemins défoncés où nos pneus accrochent avec difficulté. Par temps clair, dans les virages sans végétation, on voit la ligne des montagnes et des collines jusqu’au littoral, mais nous sommes désormais seuls au monde, chacun dans son effort, et quand nous nous rejoignons, nous évoquons notre enthousiasme à être là, parce que la nature se pare de teintes inattendues.

Il neige sur Minerve
Il neige sur Minerve

Philippe a du mal. Il parle d’abandonner. William n’a jamais eu aussi froid. Ses chevilles à l’air me glacent, sans parler des jambes dénudées de Jacques, cet entêté qui a trouvé inutile d’emporter des jambières malgré les alertes météo. Pour ma part, je n’ai froid qu’au bout des doigts quand je reste trop longtemps immobile ou prends de rares photos. Il me faudrait tout photographier tant je n’ai pas l’habitude de rouler dans de tels paysages hivernaux. On se croirait dans le Grand Nord par tempête. Je sais que derrière Patrick ne cesse de déclencher sa GoPro. Malheureusement, il y a trop de vent pour faire décoller le drone.

Quand Guillaume me rattrape, sur des œufs avec son gravel inadapté à ce parcours, je l’avais prévenu, il ne cesse de me proposer de dévier par la route. Je lui dis que pour notre part nous en restons à la trace comme nous l’avons décidé au départ. Il finit par emprunter une route.

Après avoir franchi plusieurs cols entre 600 et 700 m, nous plongeons vers la départementale 612. Comme l’auberge de Rodomouls est fermée, nous nous réfugions dans le fameux abribus. Les tétines de nos gourdes ont gelé. Quand je tente de boire en ouvrant le bouchon, l’eau s’est transformée en granité. J’ai envie d’enfiler mes surgants, mais la boucle de ma sacoche de selle est recouverte de boue glacée. William nous rejoint en claquant des dents. Nous le laissons avec Maud et Cédric pour la soupe et, plutôt que nous transformer en iceberg, nous attaquons l’escalade de la serre de la Tourelle, qui culmine à 712 m.

L’Espinouse
L’Espinouse

Au nord, nous apercevons les sommets enneigés de l’Espinouse et du Caroux, dont nous sépare la vallée du Jaur et de l’Orb, vers laquelle nous plongeons par une piste parfois traître. À la hauteur de Saint-Étienne-d’Albagan, nous rejoignons la voie verte Passa Païs qui nous conduit tranquillement jusqu’à Olargues où, peu avant 16h, nous nous engouffrons dans le café Le Funambule, où très vite nous retrouve Maude, Cédric, William et Guillaume.

La patronne nous sert de généreux plateaux de charcuterie pendant que nous nous réchauffons. Philippe est blême. Il veut abandonner, mais à force de cajoleries nous le persuadons de nous accompagner au moins jusqu’au soir. Nous décidons de ne pas remonter dans les avant-monts comme la trace le prévoit. Pas question de camper dans ces conditions. Vent dans le dos, nous poursuivons sans effort sur la Passa Païs jusqu’à Bédarieux où nous trouvons un hôtel.

Olargues
Olargues

Quand le patron de l’hôtel nous propose de ranger les vélos dans un abri grillagé au-dehors, je refuse tout simplement. Avec mon tact habituel, je lui dis que nos vélos réunis coûtent plus cher que son hôtel. Il nous suggère d’aller dormir ailleurs. « Bon OK, on s’en va. » Mais il nous rattrape et trouve une solution. Nous lavons nos vélos d’un coup de jet et les remisons dans la cave, bien au chaud.

Nous avons parcouru 84 km, gravi 1 772 m (1 536 selon Strava).

Dimanche 3 avril

Un beau soleil nous accueille, assez attirant pour que Philippe décide de nous accompagner. Il fait un copieux 8° quand nous quittons Bédarieux et entrons dans une pinède au sol sableux. Très vite, nous abordons les terres rouges des environs du Salagou, avant de nous amuser à surfer les ruffes au bord du lac. Guillaume nous quitte pour aller déjeuner chez sa grand-mère maternelle à Clermont-l’Hérault, avec le projet de nous rejoindre le soir au gîte que nous avons réservé au col des Lavagnes.

La belle lumière
La belle lumière

Après deux journées difficiles, il s’agit pour nous d’une promenade de santé. Patrick fait décoller le drone et nous posons avec plaisir. Nous multiplions les arrêts, tout en prenant un grand plaisir sur le single officiel du tour du lac. À regret, nous lui tournons le dos pour nous diriger vers le mont Saint-Baudille. L’ascension est longue, souvent difficile, d’autant qu’il fait de plus en plus froid. Après un milieu de journée clément, la température s’effondre en même temps que se lève le vent.

Vers le Saint-Baudille
Vers le Saint-Baudille

Nous ne restons qu’un court moment au sommet, pour admirer la cascade des collines jusqu’à la mer. Au loin, le soleil illumine le littoral. Sète, notre destination finale, flotte à l’horizon sud, tandis que le pic Saint-Loup et l’Horus nous indiquent la suite du périple. Il nous suffit de nous laisser glisser par la piste pour gagner le superbe gîte du Mas-Aubert, où nous achetons de quoi nous préparer de gigantesques plats de pâtes.

Je vous épargne le résumé de nos conversations pour le moins primaires où Jacques nous a parlé de ses excès, jusqu’à nous raconter ses aventures tahitiennes. Comme Guillaume tarde à nous rejoindre, nous avons le temps de lui tailler plusieurs costumes, mais nous lui réservons une bonne assiette de pâtes quand il finit par dénicher le gîte.

Nous avons parcouru 70 km, escaladé 1 822 m (1 696 m selon Strava).

Lundi 4 avril

Si nous voulons terminer le tour en deux jours, il nous faut avaler plus de 100 km. Nous appareillons à 8h30 par un beau soleil et un petit 3°. Nous plongeons par la piste vers la vallée de Saint-Guilhem à travers une forêt de pins biscornus, dits pins de Salzmann, puis nous nous engageons dans le monumental sentier des Fenestrelles qui nous fait contourner le cirque de l’Infernet à flanc de falaises. C’est un chef-d’œuvre d’architecture, qu’il faut emprunter à vélo de préférence très tôt le matin, pour ne pas être sans cesse arrêté par les randonneurs toujours très nombreux (d’où notre choix de dormir au gîte du col des Lavagnes).

Pins de Salzmann et Saint-Baudille
Pins de Salzmann et Saint-Baudille

La vue est vertigineuse. Nous volons au-dessus du ruisseau que le soleil fait briller au fond du cirque. Pure extase de vététiste que cette descente, qui nous amène au cœur du village médiéval, où un bon café nous accueille. Le soleil est généreux, nous mettons les jambes à l’air, posons des couches. Il fait de plus en plus doux, d’autant que nous attaquons les pentes sévères qui entourent Puéchabon. Dans ces garrigues, nous laissons beaucoup de forces, avec la récompense de découvrir une impressionnante vue sur le duo de l’Hortus et du pic Saint-Loup, avant de rejoindre le domaine des Roussières et sa somptueuse lavogne, une mare construite par les bergers. Quelques kilomètres plus loin, nous déjeunons à Saint-Martin-de-Londres. Gaël m’explique qu’en occitan les londras, mot dérivé du celtique lund, sont des marais, qui pour le coup ont été asséchés.

Gorges de l’Hérault
Gorges de l’Hérault

Après Notre-Dame de Londres, nous contournons l’Hortus, avec un arrêt indispensable à l’oasis de Gorniès, où Patrick ne résiste pas à piquer une tête. Il fait 18°, mais l’eau ne doit guère dépasser les 7°. Après Guillaume qui avait un train à prendre, Valérie nous quitte, car elle travaille le lendemain. Nous nous retrouvons à dix pour terminer la trace.

Hortus et pic Saint-Loup
Hortus et pic Saint-Loup

Nous contournons les falaises à l’extrémité de la vallée de Claret, puis dévalons le cours d’un oued très technique pour entrer dans le village de Les Embruscalles. Je propose de supprimer ce passage très exigeant, mais les copains refusent catégoriquement. « C’est une trace VTT. »

Jacques, Artur et William
Jacques, Artur et William

Nous passons devant le lac de Claret sans nous arrêter, jardinons dans les terrains argileux, avant de rejoindre Saint-Matieu-de-Tréviers, où nous nous ravitaillons. Il est 19h et nous n’avons parcouru que 90 km. Nous devons poursuivre, d’abord par les bords du lac de Cécélés caressés par les derniers rayons de soleil, avant de rejoindre la longue piste de la serre des Moujes. La nuit tombe. La dent du pic Saint-Loup se dresse sur la ligne orangée du couchant. « J’en ai les larmes aux yeux », me dit Cédric. J’en ai moi-même les larmes aux yeux rien que d’y repenser. Moment magique. Nous nous disons que nous avons une chance unique. Nous oublions un instant la guerre en Ukraine et les autres absurdités que provoque la quête du pouvoir. Il nous suffit d’être ensemble à la nuit tombée et de regarder l’horizon pour éprouver un sentiment qu’aucune fortune ne peut acheter.

Hortus et pic Saint-Loup
Hortus et pic Saint-Loup

Nous allumons nos frontales et attaquons un single forestier, où nous finissons par trouver un bout d’herbe où bivouaquer. Nous avons parcouru 104 km, gravi 1 846 m (1 757 m selon Strava).

Mardi 5 avril

Réveil à 6h. Départ à 7h. Grand beau, mais il ne fait que 2°. La brume stagne au-dessus des vignes. Nous entrons dans la zone périurbaine de Montpellier. Nous croisons des routes, entendons le trafic, mais nous roulons sur des chemins, souvent sur des singles, surtout quand nous traversons les anciennes carrières de Beaulieu, puis suivons l’aqueduc de Castries.

Les garrigues
Les garrigues

Nous contournons les villages, ne faisons qu’une incursion dans la zone commerciale du Crès pour nous ravitailler, avant de rejoindre le bois de Clapiers, puis le single qui lèche les rives du Lez. Nous nous pressons, car les Lotois ont un train à Sète à 17h31, mais, sur les hauteurs de Grabels, alors que je suis en tête avec Pascal, nous entendons un choc sourd. Nous croyons à une chute. Faisons demi-tour. Le pneu arrière du fat de Patrick a crevé brutalement. Pas de casse. Comme la réparation s’éternise, en compagnie de Jacques, j’accompagne les Lotois vers Sète, pendant que les Gaël, Artur et William restent avec Patrick.

Nous fonçons dans une section de singles qui après les kilomètres que nous avons dans les jambes nous paraît interminable, puis nous rejoignons les garrigues du Mas Dieu, avant d’entrer dans le superbe secteur de la Taillade, par un single que nous avalons à fond de train. Je prends quelques libertés avec la trace, pour amener mes nouveaux copains au sommet de La Gardiole, mon jardin.

Réparation
Réparation

Patatrac. Philippe crève roue avant, puis une seconde fois roue arrière. Ses pneus gravel ne résistent pas aux silex. Après de multiple réparation, nous atteignons la ligne de crête et la mer et les étangs nous pètent à la figure. Je les ai rarement vus d’un bleu aussi intense. Nous prenons quelques photos avant de foncer vers Sète. Nous zigzaguons dans les rues pour trouver un marchand de tielles ouvert, mais ils se sont tous donné le mot pour fermer le même jour. Je photographie les Lotois devant la gare et rentre chez moi en compagnie de Jacques.

Cerisier
Cerisier

Trente minutes plus tard arrivent Patrick et Gaël, alors que Williman et Artur sont rentrés de leur côté. Nous nous disons au revoir, avec la seule envie de repartir au plus vite dans de nouvelles aventures. Nous avons éprouvé dans ces quelques journées passées ensemble un condensé de vie, une intensité relationnelle créée par la proximité et la difficulté. Rien ne nous assemble, sinon le même amour des chemins joueurs, et après quelques jours, nous devenons intimes. La trace nous a réunis.

Stats
Stats