Libérons le peuple (des connecteurs)

Ou l’histoire d’une mauvaise affaire. Bourin éditeur vient de m’apprendre que je ne toucherai pas mes droits d’auteurs sur Le peuple des connecteurs avant 2017 ! Vous avez bien lu.

Voici l’histoire depuis le début. J’ai signé le contrat pour Le peuple des connecteurs début 2005 et j’ai reçu un petit à-valoir. Le livre est sorti comme prévu en février 2006. En 2007, en juin par exemple, Bourin aurait dû me verser mes droits sur la première année d’exploitation. Je n’ai rien reçu et je n’ai rien réclamé parce que je faisais confiance.

En janvier de cette année, j’avais d’ailleurs sorti Le cinquième pouvoir et j’entretenais de bonnes relations avec mon éditeur. Les choses se dégradèrent un peu en 2008. Au dernier moment, François Bourin m’annonça qu’il ne sortirait pas mon roman sur Ératosthène alors que je travaillais dessus avec son équipe depuis plusieurs mois. Soi-disant qu’un tel texte ruinerait ma carrière.

Après coup, je ne fus pas trop malheureux de cette décision. Le travail éditorial avait orienté mon Ératosthène dans une mauvaise direction. Mais en 2009, bis repetitas. Cette fois François Bourin me dit que L’alternative nomade était impubliable, que j’allais me déshonorer avec, que je ne connaissais rien au nomadisme, que les experts du genre allaient me détruire, que lui François Bourin ne pourrait pas me défendre.

Un discours surréaliste. Avez-vous déjà vu un éditeur monter au créneau pour défendre intellectuellement un de ses auteurs ? Comme si tel était le métier de l’éditeur ? « Pardon François, mais j’ai écrit un essai sur le nomadisme dans le flux. Je n’ai pas à être un expert du nomadisme dans les steppes ou les déserts. »

François me débitait des arguments fumeux pour ne pas me publier. Je lui ai dit que j’avais été heureux de travailler avec lui et que c’était terminé. Il en va souvent ainsi entre les auteurs et les éditeurs. Ce n’était pas très grave. L’alternative a été accueillie par un autre François chez publie.net, j’ai continué depuis à travailler le texte, les concepts n’ont cessé de se préciser. Je pense que c’est mon essai le plus important.

Puisque Bourin n’était plus cool avec moi, je décidais de lui réclamer mes droits. J’ai fini par obtenir un décompte en juin 2010. Après relances, j’obtins en décembre le versement des droits pour Le cinquième pouvoir. Un peu laxiste, je ne relance qu’hier pour Le peuple des connecteurs. Une réponse laconique du comptable arrive :

J’ai bien reçu votre mail et vous en remercie. Pour répondre à votre question, c’est normal que pour « le peuple des connecteurs » rien ne soit versé, ces droits sont imputés au passif du redressement judiciaire de Bourin Éditeur au 31/12/08. La société après une période d’observation est en plan de continuation sur 8 ans depuis début mars 2009 jusqu’à fin mars 2017, ces droits sont bloqués sur toute cette période.

Je réponds que dans ce cas, je vais m’empresser de me réapproprier les droits papiers et électroniques. Ça ne tarde pas, François Bourin m’appelle. Il commence par des salamalecs de bonne et heureuse année. Puis il ose me dire que je veux le mal de sa maison (à qui j’ai fait crédit pendant 4 ans). Le ton monte. On n’avait plus aucune raison de se parler.

D’après ce que j’ai compris, après discussion sur un fil Facebook, je suis effectivement de la dinde. Si Bourin avait coulé, j’aurais récupéré mes droits. Mais comme Bourin continue d’exister, non seulement je ne suis pas payé mais en plus Bourin peut continuer d’exploiter mon livre. Il ne fait pas fortune avec mais je trouve cela moralement douteux.

J’espère que les spécialistes du droit d’auteur passeront par là et m’éclaireront. En tout cas, comme je n’ai jamais signé d’avenant pour l’édition électronique, me voilà libre de donner mes deux essais publiés chez Bourin à un autre éditeur.