De la civilisation de l’écriture à celle de la propulsion

De la civilisation de l’écriture à celle de la propulsion

Comparafif
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Comme en écho au sous-titre de mon prochain livre, Hubert Guillaud a publié un compte rendu intitulé D’une civilisation de la lecture à celle de l’écriture, se référant à un article de Seed Magazine.

Denis G. Pelli et Pelli-Robson défendent l’idée que bientôt tout le monde deviendra auteur, qu’il y aura autant de lecteurs en fait que d’auteurs. Logique si nous avons tous un compte Twitter. Mais est-ce qu’on écrit vraiment sur Twitter ? Est-ce qu’on écrit plus que sur un banc d’école, est-ce qu’on y écrit des choses vraiment différentes ? Parfois oui au vu de l’émergence de la twitterature à laquelle je participe avec Croisade, mais souvent non. La plupart des gens qui savent lire savent aussi écrire. Même s’ils écrivent peu, ils écrivent parfois.

Je ne crois pas qu’ils se transformeront tous en auteur. Je pense en revanche qu’ils écriront plus, qu’ils liront aussi sans doute plus… mais cette écriture et cette lecture participeront à une activité plus large, la propulsion. Propulser, c’est parler, écrire, lire, faire connaître, filtrer, remixer… Je crois que toutes ces activités se combinent déjà pour créer une technique propre au Flux. Plus que jamais, je suis persuadé que nous passons de civilisation de l’écrit à la civilisation du flux.

Isabelle aime raconter La fable des six aveugles et de l’éléphant. Dans un village, un prince arrive à dos d’éléphant mais personne n’a jamais vu d’éléphant. Les aveugles viennent le toucher et chacun tentent de définir le pachyderme. L’un prit son flanc pour un mur. Un autre son oreille pour un éventail. Un sa patte pour un arbre. Un autre sa trompe pour un serpent. Un ses défenses pour des lances. Le dernier sa queue pour une corde.

« Ils se mirent à discuter, chacun d’eux étant convaincu que son avis était le bon. Un tumulte s’ensuivit et les six aveugles commencèrent à se disputer, chacun refusant d’écouter la description des autres. Chacun avait, en partie, raison. Mais ils avaient aussi tous tort. » J’ai ainsi l’impression que Denis G. Pelli et Pelli-Robson ont mis le doigt sur une particularité de la transition que nous vivons sans percevoir l’ensemble (j’ai bien sûr la prétention de mieux voir qu’eux).

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